souffleter

souffleter

souffleter [ sufləte ] v. tr. <conjug. : 4>
• 1542; de soufflet
Vieilli Frapper d'un soufflet. gifler. « Ell'souffleta flic, flac, L'garçon d'honneur Qui par bonheur Avait un' tête à claqu' » (Brassens). Par anal. « La tramontane vous soufflette à tous les coins de rues » (Larbaud).
Mod. (Fig. et littér.) Humilier, insulter, outrager. « Ils foudroyaient le crime, ils souffletaient le vice » (Hugo).

souffleter verbe transitif Littéraire. Donner un soufflet, une gifle à quelqu'un. ● souffleter (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention au redoublement du t devant e muet : il soufflette, il soufflettera, mais nous souffletons ; il souffletait. ● souffleter (synonymes) verbe transitif Littéraire. Donner un soufflet, une gifle à quelqu'un.
Synonymes :

⇒SOUFFLETER, verbe trans.
Vieilli ou littér.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. [Le compl. désigne les joues et, p. méton., une pers.] Donner un soufflet; frapper (quelqu'un) sur la joue avec le plat ou le dos de la main. Synon. gifler. Souffleter un enfant, un insolent, un malappris; souffleter qqn sur une joue, sur les deux joues. Le père demanda: — Sur quelle joue as-tu reçu le soufflet? — Sur la joue gauche. Le père souffleta la joue droite et dit: — Te voilà contente. Va dire à ton mari qu'il a souffleté ma fille, mais que j'ai souffleté sa femme (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 331). Le gardien entra, souffleta l'homme à toute volée et ressortit en emportant le bol (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 389).
Empl. pronom. Réciproque. Se donner des soufflets, des gifles l'un à l'autre. Deux hommes qui ne s'étaient pas contentés de se souffleter mais dont l'un, pour plus humilier l'autre, lui avait envoyé comme témoins son concierge et son maître d'hôtel (PROUST, Temps retr., 1922, p. 949). Réfl. [Le suj. désigne le Christ] Se donner une gifle à soi-même. Il ne pouvait, le tout-puissant, ni se souffleter, ni se cracher à la figure, ni se flageller, ni se crucifier lui-même (BLOY, Journal, 1903, p. 151).
Empl. abs. Je ne crois pas Qu'il soit digne du peuple en qui Dieu se reflète De joindre au bras qui tue une main qui soufflette (HUGO, Voix intér., 1837, p. 222).
2. [Le compl. désigne un animal ou un inanimé concr.] Frapper vivement de la main. L'infâme Marneffe souffleta le bonnet de sa femme, et la retira violemment de la fenêtre (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 258). Elle souffletait la chèvre, elle dispersait les poules à coups de pied (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1457).
B. — P. anal. [Le suj. désigne une chose concr.] Frapper vivement, comme d'un soufflet. Lorsque la jeune femme ouvrit la porte, le battant souffleta presque sa belle-sœur (ZOLA, Curée, 1872, p. 577). Il marchait dans le corridor (...) et ses pantoufles souffletaient furieusement le dallage (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 234).
En partic. [Le suj. désigne un élément atmosphérique, en partic. le vent] Souffler avec force en frappant quelque chose. Synon. cingler, fouetter. Pluie, neige qui soufflette qqc. Ces jours aux ciels bouleversés où le vent de Sienne souffletait à tours de bras les pavés secs, chassant leur poussière dans tous les sens (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 196).
♦ [Le compl. désigne une pers., en partic. son visage] Souffler avec force en frappant le visage. Synon. cingler, fouetter. Bise qui soufflette le visage. Il y a des soirs sinistres où la tramontane vous soufflette à tous les coins de rues (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 130). Et moi, tête nue, le vent me souffletait à droite, à gauche, coup sur coup, en boxeur qui donne des crochets, me faisait osciller comme un mât, m'emportait ma cigarette de la bouche (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 618). Au passif. Être frappé par quelque chose. Les visages étaient souffletés par le froid (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 323).
C. — Au fig., mod. Traiter de façon humiliante. Synon. blesser, humilier, insulter, offenser.
Souffleter qqc. Toujours prêt pour de l'or à souffleter la loi (HUGO, Voix intér., 1837, p. 370). Cet amour mal satisfait qu'on venait de souffleter si cruellement (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 355).
Souffleter qqn
Qqc. soufflette qqn. Parole qui soufflette qqn. Ils ont souffleté Jésus en croix (...). Ce n'est pas le premier soufflet qu'il a reçu. Et nos péchés le soufflettent outrageusement tous les jours. Nos péchés l'outragent et le soufflettent tous les jours (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 53). Un tollé furieux éclate dans la salle; des ricanements soufflettent l'avocat (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 385).
Qqn soufflette qqn de qqc. J'ai aimé deux êtres, Jacques et Madeleine, et ces deux êtres me soufflettent à cette heure (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 238). Quand la parole lui revint, ce fut pour insulter Dieu (...) Elle avait les yeux torves; et de basses injures elle le souffletait (ROLLAND, Âme ench., t. 2, 1925, p. 210).
Empl. pronom. réfl. Qqn se soufflette (de qqc.). S'humilier, s'insulter soi-même (en...). Elle le prit [son livret d'enfant assistée] au fond du bahut, le feuilleta, se souffleta à chaque page de la bassesse de sa naissance, affamée d'un ardent besoin d'humilité (ZOLA, Rêve, 1888, p. 163).
REM. 1. Souffletant, -ante, part. prés. en empl. adj., vieilli, rare, au fig. Humiliant, insultant. Lu (...) la Promenade dans la Lande, de Guérin. Poésie souffletante pour MM. les poëtes de ce temps, qui ne sentiront pas le soufflet! (BARB. D'AUREV., Memor. 3, 1856, p. 45). 2. Souffleté, -ée, subst. Personne qui a reçu un soufflet. Le souffleteur et le souffleté se sont réconciliés (RAYMOND 1840). V. souffleteur infra dér. ex. de France.
Prononc. et Orth.:[], (il) soufflette []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Av. 1525 « frapper (en parlant du faucon) » (G. CRÉTIN, Débat entre deux dames, 405 ds Œuvres poét., éd. K. Chesney, p. 109); b) 1542 [éd.] « donner un soufflet à quelqu'un » (N. DE BRIS, Instit. à porter les adversités du monde patiemment, Paris, f ° 128 v °); c) 1552 « frapper d'une manière vive, comme d'un soufflet » (RONSARD, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 3, p. 111, 246); 2. 1832 « humilier, insulter, outrager » (BOREL, Heur et malheur, p. 110). Dér. de soufflet; dés. -er. Fréq. abs. littér.:247. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 193, b) 547; XXe s.: a) 698, b) 169.
DÉR. Souffleteur, -euse, subst., vieilli. Personne qui a donné, qui donne un soufflet. Synon. gifleur, souffleur. Une main, passant par la croisée, lui donna sur la joue un soufflet (...) Puis la belle souffletée disparut et le souffleteur (...) se pencha sur la grille (FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 191). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1611 (COTGR.); de souffleter, suff. -eur2.
BBG. — GOHIN 1903, p. 242 (s.v. souffleteur).

souffleter [sufləte] v. tr. [CONJUG. jeter.]
ÉTYM. 1546; de soufflet.
1 Vieilli. Frapper d'un soufflet. Gifler; et aussi battre. || Souffleter un enfant (→ 1. Queue, cit. 2).
(Mil. XVIe). Par anal. || La bise (cit. 6) soufflette le visage.
1 Il y a des soirs sinistres où la tramontane vous soufflette à tous les coins de rues (…)
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, I, 24 avril.
2 (Av. 1843). Mod., fig., littér. Humilier, insulter, outrager. || Ils foudroyaient (cit. 12) le crime, ils souffletaient le vice.
——————
souffleté, ée p. p. adj.
1 (1580). Qui a reçu un soufflet.N. (rare) :
2 En me reconnaissant de même dans la rue, elle rit et m'envoya un baiser. Sur quoi, une main, passant par la croisée, lui donna sur la joue un soufflet (…) la belle souffletée disparut et le souffleteur, paraissant à sa place à la fenêtre, se pencha (…)
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, XVII, Œ., t. VIII, p. 152.
Humilié.
2 (Mil. XXe; le v. ne paraît pas employé dans ce sens). Techn. || Papier souffleté (ou soufflé) : papier de tenture dont le décor est produit par soufflage d'une poussière de laine qui se dépose aux endroits garnis de colle ( Floqué).
DÉR. Souffleteur.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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